Cécile Chadeuil, Josiane Desq, Fanny Delort, Blanche Becker au chant,
Fabrice Rougier et Stéphane Bacou aux clarinettes,
Jori Desq et Thomas Kleiber aux basses et contrebasse,
Cécile Chadeuil et Gilles Rougeyrolles à l'accordéon,
Bernard Desblancs, Maxence Camelin et Alain Charrié aux hautbois occitans,
Alexis Michaud à la guitare,
Isabelle Frouvelle à la harpe,
Guilhem Desq à la vielle, au xylophone, aux percussions,
Sébastien Gisbert aux percussions,
Gilles Cassagnes à la cabrette,
Alain 'Kachtoun' Cadeillan à la cornemuse landaise,
sont venus tour à tour embellir ce travail.
Avec la collaboration de Yannick Tournier (Mixage), Loren Bes (illustrations)
Tamborn de Pluèja, Danièl Frouvelle & amics
Une force occitane “habitée”…
Les amateurs de musique traditionnelle occitane et tous ceux qui ont fréquenté
les grands festivals de ces domaines connaissent Danièl Frouvelle et tout son entourage
familial et musical. Il est clairement un “bâtisseur” (créateur, inventeur, constructeur,
façonneur…) dans ses ateliers, sa maison, sa famille, ses relations, son travail et ses
activités de chanteur, poète, instrumentiste et luthier. J’ai eu l’occasion, pour Tradmagazine,
de rencontrer plusieurs fois Danièl et Cécile. J’ai même dormi “avec” les
tambours de pluie… C’est le nom donneé par le luthier Frouvelle à une construction
musicale de sa création dans laquelle l’eau tombe goutte-à-goutte, depuis une réserve et
de façon réglée par le musicien, sur des bambous couverts d’une peau elle-même
réglable. N’oublions pas que Danièl est, depuis bien longtemps, un facteur de vielles à
roue, mais aussi de tambours de différentes sortes, tous ces instruments étant liés aux
traditions et à la mémoire occitanes. C’est d’ailleurs cet instrument singulier, percussion
“semi-automatique” d’“arrosage sonore”, qui donne son titre à ce double album. Deux
fois dix-sept plages y mêlent morceaux de danses et chansons collectées ou composées. Les
textes (en occitan avec les traductions) sont joints dans un livret glissé dans la pochette.
Un long et opiniâtre travail personnel et collectif – on s’en doute – aboutit ici à un
programme riche et dense. C’est le moins qu’on puisse dire, tant l’ambiance musicale ne
vous lâche pas un instant. Cet enregistrement est une sorte de “coup de poing” occitanomusical,
un acte militant issu d’une pratique décomplexée, festive et habitée.
Ce Machu-Picchu vocal et instrumental, entre les accords duquel on ne glisserait
pas la lame de l’inattention la plus fine, est un régal ! Que les amoureux exclusifs des
complaintes susurrées passent leur chemin, ces CD ne sont pas pour eux. Il en ressort
une grande impression de force, de tension, d’aplomb dans les discours comme dans les
phrasés instrumentaux. La vielle, plus que le tambour d’eau (personnellement je rêve
d’un CD plus “contemporain” consacré uniquement à cette cascade aqua-membranée), se
tient au centre et explique probablement à elle seule la densité sonore. Mais la voix, les
voix, concourent à part égale à l’ensemble chanterelles + bourdons. Parfois les voix sont
instrumentales et c’est la vielle qui parle. Parfois tous ces mondes et ces langages se
combinent, se soudent, s’édifient.
Et puis Danièl, en plus de ses comparses proches (dont évidemment Cécile
Chadeuil déjà citée) a convoqué, lui qui a toujours été un artisan de rencontres, certains
des plus emblématiques musiciens du monde occitan : Alain Cadeillan à la boha, Fabrice
Rougier aux clarinettes, Alain Charrié Bernard Desblancs et Maxence Camelin aux
hautbois populaires…
Cet enregistrement revendique, démontre et glorifie un aspect rocailleux de la
langue, du son de glotte des anches, du diatonique et de la guimbarde, du timbre de peau
quasi animal des percussions. Et c’est bien l’impression qui nous tient jusqu’au dernier
mot, à la dernière note, au dernier son. Alors, on réécoute tout dans l’ordre qu’on choisit,
pour retrouver l’émotion de la premieère écoute.
Claude Ribouillault
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