A l'occasion de la 5ème édition de Sonem Mai!, rencontres autour de la formation en musique et danse traditionnelles, Pastel donne la parole à Daniel Frouvelle, son coordinateur pédagogique. Facteur et inventeur d'instruments de musique, Daniel Frouvelle est formateur en musique traditionnelle à l'Ecole Nationale de Musique et de Danse du Tarn, où il apprend à une cinquantaine d'enfants et adultes à "jouer à la musique". Parcours d'un créateur et d'un musicien atypique...

Par Luc Charles- Dominique

De Sonem Mai! à l'Ecole de musique du Tarn, Daniel Frouvelle facteur d'instruments de musique, formateur et musicien

Daniel Frouvelle, tu es luthier, musicien. créateur. Mais on connaît aussi ton activité de formateur puisque tu exerces à l'Ecole Nationale de Musique et de Danse du Tarn. comment le département Musique Traditionnelle s'y est-il constitué ?

Dans le Tarn. nous bénéficions de l'important travail qui a été réalisé par le GEMP / La Talvera. notamment par Daniel Loddo et Xavier Vidal. travail qui a logiquement conduit les pouvoirs publics à envisager la création d'un département Musique Traditionnelle au sein de l'École Nationale de Musique et de Danse du Tarn (ENMDT). C'était en 1989-1990. Pour faire fonctionner ce département. Javier de la Torre et moi avons été pressentis. Nous nous sommes alors présentés aux épreuves du Diplôme d'Etat de musique traditionnelle, dans l'une des toutes premières sessions, et, dès le diplôme obtenu, nous avons débuté notre activité de formateurs à l'ENMDT. Le problème. c'est qu'à la rentrée 1990, nous nous sommes retrouvés devant des salles de cours vides... Personne, au sein de l'école, et en particulier les élèves. n'était vraiment au courant de ce que l'on proposait. Il fallait se rendre à l'évidence: les gens n'adhéraient pas naturellement à notre démarche. Il a donc fallu convaincre pour avoir suffisamment d'élèves et pouvoir réellement démarrer. On peut dire que ce n'est qu'au bout de deux ans que notre action s'est vraiment imposée au sein de l'école. Au départ. je crois qu'on était considérés un peu comme des marginaux et les professeurs comme les élèves attendaient de voir ce que l'on valait et ce que l'on proposait. Aujourd'hui. notre statut est totalement différent.

Vous avez acquis une certaine crédibilité ?

Oui. ça me semble assez évident et dans l'obtention de cette crédibilité, des musiciens, des formateurs tout à fait éminents que nous avons invités ont joué un rôle de premier plan. En effet. depuis trois ans, nous proposons un travail thématique qui s'appuie sur des intervenants extérieurs à l'école. Il ,v a deux ans, le thème était le tambourin: nous avons alors invité Carlo Rizzo. L'an dernier c'était sur la voix, avec Benat Achiary. Cette année, c'est sur le thème du violon avec Jean-François Vrod. Ce projet pédagogique est pris très au sérieux par l'école qui nous permet, ainsi que l'ADDA du Tarn, de le réaliser.

Quel est aujourd'hui le public de la formation que tu proposes au sein du département Musique Traditionnelle ?

Les ateliers de vielle à roue et de formation musicale sont plus spécialement destinés aux enfants et adolescents, tandis que les ateliers de chant traditionnel ne sont fréquentés que par des adultes. Je dois avoir environ 25 adultes et une trentaine d'enfants. Mais ces ateliers ne sont pas cloisonnés, surtout ceux destinés aux enfants. Car aucun enfant ne s'initie à la vielle à roue s'il ne suit pas aussi l'atelier de formation musicale. Je considère que cet atelier est le fondement de ma pédagogie et que, à la limite, le strict apprentissage instrumental est accessoire.

En quoi consiste cet atelier ?

Il propose fondamentalement une approche globale de ce que sont les musiques traditionnelles. à partir de l'écoute. de la découverte et de l'échange. Je ne me prétends pas l'héritier d'un savoir quelconque que le devrais retransmettre tel quel: le travail que je vais faire avec les élèves se fera tout le temps sur la base de l'échange. Je fais en sorte que les élèves m'apportent autant que le peux leur apporter. Cela passe tout d'abord par la confrontation de nos diverses racines musicales pour que nos "arbres" puissent grandir de la même manière et en même temps. Dès la première séance. on commence à faire de la musique, à "jouer à la musique". Ça peut être avec les pieds, les mains ou différents objets possédant des qualités sonores intéressantes que Je demande aux enfants d'apporter de chez eux. Mais ça peut être aussi des instruments de musique, leur voix... Tout ce qui est constitutif de leur bagage personnel et musical. On avance techniquement comme ça, c'est-à-dire progressivement, toujours avec ce souci permanent d'échange entre les élèves et moi. par exemple, il y a trois ans, il m'est arrivé cinq élèves qui louaient de la flûte traversière. Je n'avais pas très envie de faire de la flûte traversière en musique traditionnelle, alors on a bricolé des fifres et j'ai appris à jouer du fifre avec eux... c'est-à-dire qu'au départ, ils jouaient mieux que moi. Même encore! C'était vraiment intéressant de sentir que les élèves étaient maîtres de la situation. (c'est la même chose avec le violon, puisque l'on a tout un projet autour de cet instrument dont on parlera tout à l'heure. Je ne sais pas toucher à un archet, mais ça n'empêche pas les choses d'avancer. Ce sont les élèves eux mêmes qui ont découvert les diverses techniques d'interprétation, même si ensuite on a fait appel à des intervenants extérieurs pour travailler sur la technique. Je n'aime pas dire que j'enseigne la musique traditionnelle, mais plutôt que je fais de la musique avec les enfants ou avec les gens.

Tu évoquais la fabrication de fifres. La lutherie fait donc partie de ta pédagogie ?

Dans un deuxième temps, dès que les élèves ont compris le sens de ma démarche, je me donne le droit de leur montrer mes racines et comme je suis luthier, on fabrique tout un ensemble d'instruments à partir du roseau, du bois, de matières végétales, d'un peu tout ce qui nous tombe sous la main. Ce travail est alimenté par le collectage ou par une étude bibliographique. Il est clair qu'à partir de là, on ne fait pas seulement de la musique traditionnelle du Tarn au sens folkloriste du terme, mais aussi de la création et de l'improvisation. Je leur propose un air, ils m'en proposent un, on choisit un thème ou bien on part de rien, on branche le magnétophone et on se met en route. Quand on a fini, on écoute et on invente des histoires là-dessus. C'est à partir de cette histoire mutuelle que l'on arrive à se constituer un répertoire et qu'au bout de trois ou quatre ans, les enfants sont capables de jouer une trentaine d'airs sans problèmes.

Les élèves ont-ils une pratique musicale extérieure à l'école ?

Oui, tout à fait. ils jouent dans la rue, pour les carnavals comme celui de mon village, Lescure d'Albigeois, ou bien dans des bals, pour la fête de la musique, ou pour de petites rencontres plus intimistes. J'essaie de ne pas trop leur en demander mais dans la mesure de leurs disponibilités, ils se prêtent volontiers au jeu d'une pratique publique et sociale de la musique. Dans le but de favoriser cette convivialité, j'ai essayé d'impliquer assez fortement les parents. Certains d'entre eux n'hésitent pas à me donner un coup de main, notamment quand il s'agit de fabriquer des instruments pour l'atelier de formation musicale. Lorsque l'on a travaillé avec Carlo Rizzo, plusieurs parents d'élèves m'ont aidé à faire des tambourins. On en a fabriqué soixante-dix en tout ! Cette année, deux parents m'aident régulièrement, tous les lundis soirs, à fabriquer des cornemuses en vessies de porc que l'on va donner aux enfants pour les initier au jeu de la cornemuse. Il ne faut pas perdre de vue le côté convivial et communautaire de cette musique. Elle est l'affaire de tous...

Ouvrir l'enseignement sur l'extérieur, faire de la musique une pratique sociale, développer la convivialité... Daniel Frouvelle, qui fait de ses préceptes l'un des fondements de sa pédagogie, n'hésite pas à impliquer les parents d'élèves. Ici, certains de ces parents l'aident à fabriquer 70 tambourins, à l'occasion de la venue de Carlo Rizzo.

Comment cette démarche pédagogique est-elle perçue des enfants qui suivent par ailleurs une formation plus conventionnelle ?

Ce n'est pas le cas de tous mes élèves. En effet, un petit nombre d'entre eux suivent exclusivement ma formation. Sinon, je crois que l'avantage est double, pour eux comme pour moi: j'utilise leur acquis technique et musical et eux viennent s'imprégner d un esprit particulier! découvrir le plaisir de jouer dans la rue, sans la partition, debout et en se déplaçant...

Et au sein de l'équipe pédagogique de l'école, comment est perçu ce travail sur l'oralité ?

Ces deux démarches se croisent en fait, et c est tout l intérêt de travailler dans une structure comme celle-ci, avec toutes ces disciplines, ces instruments enseignés, ces genres, ces époques... Dès que l'on arrive à établir des passerelles entre tout ça, cela débouche souvent sur des expériences très intéressantes. Je pense à un spectacle que nous avons monté l'an dernier avec cinq professeurs, l'un de musique électroacoustique, un autre de guitare classique, un de musique contemporaine, Javier de la Torre et moi-même qui faisons de la musique traditionnelle. Ce spectacle était une création à partir des éléments que chacun apportait: c'était une véritable fusion... Je pense aussi au projet sur le violon que nous avons initie; et qui se poursuit maintenant avec Jean-François Vrod. Depuis. nous avons décidé d aller encore plus loin en créant un atelier de musique improvisée entre professeurs dont la première séance a eu lieu ce matin même! le crois que cette expérience musicale sera génératrice de projets futurs et que la cohésion de l'équipe pédagogique s'en ressentira.

Pourrais-tu nous exposer ce projet sur le violon ?

C'est un projet qui est parti un peu par hasard. lorsque j'ai demandé à une professeur de violon classique d'enseigner le violon à un enfant de mon atelier. mais à partir de l oralité sans faire appel au solfège. Après quelques réticences et un programme que l'on a pu concevoir ensemble on s'est mis au travail le crois qu'elle y a trouvé son compte au niveau de sa pédagogie et des résultats rapides qu'elle obtenait. Le gamin, lui, jouait oralement des airs de l'atelier. Ensuite, cet enfant a appris selon la méthode de cette professeur car il ne s agit pas de privilégier une approche ou de proposer quelque chose qui soit restrictif. Cette expérience a fait boule de neige et au bout d'un an, cette professeur est venue animer avec moi un carnaval ça a très bien marché et nous avons décidé d'inviter Jean-François Vrod pour mener un véritable travail sur le violon traditionnel. Sur ce projet, on a pu mobiliser, au sein de l'école de musique, quatre professeurs de violon et une trentaine d'enfants qui faisaient du violon classique et, tous ensemble, on a travaillé à partir de l'oralité sur des répertoires de musiques à danser. Tout le monde y a trouvé son compte. Les enfants qui ont découvert une autre façon de jouer et les professeurs parce qu'ils sentent bien l'intérêt de cette démarche: en effet, le plaisir des enfants est tel, que la technique avance par bonds spectaculaires C'est une expérience vraiment très riche qui, de plus, resserre les liens entre l'équipe pédagogique

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JOUER A LA MUSIQUE... "LA CREATION MUSICALE, FRUIT DE LA DECOUVERTE ET DE L'ECHANGE...Les élèves des ateliers de musique traditionnelle participent au carnaval de Lescure d'Albigeois.

Ton enseignement du chant traditionnel pour les adultes s'appuie sur les mêmes méthodes ?

Pour moi, l'enseignement du chant traditionnel ne consiste pas à retransmettre un répertoire. Il s'agit plutôt d'aider les gens à découvrir leur voix. Pour cela, on travaille beaucoup les improvisations, la mémorisation. Bien entendu, on chante des chansons en occitan, car la musique traditionnelle c'est certes avant tout de la musique occitane, mais c'est de la musique avant d'être une expression occitanophile et non le contraire, ce qui ne m'empêche pas d'être occitaniste par ailleurs. Au-delà de ce répertoire, les gens vont apprendre à chanter en dansant, à travailler sur le rythme, sur le souffle, la respiration, la décontraction, la relaxation, les déplacements, l'attitude du corps, la position des bras, des jambes... Chaque fois que c'est possible, j'en profite pour prolonger le travail vocal par un travail instrumental Quand Carlo Rizzo est venu, j'ai sauté sur l'occasion pour leur mettre un tambourin entre les mains L'an dernier, lors de la création avec les cinq professeurs dont j'ai parlé, je leur ai donné un harmonica. Finalement, ils y ont trouvé leur compte et beaucoup de plaisir, très étonnés d'arriver à jouer d'un instrument, alors qu'ils n'étaient pas venus pour ça a priori.

Quels sont tes rapports avec les autres écoles de musique traditionnelle ?

Nous avons des échanges pédagogiques avec certaines écoles de musique. L'an dernier nous sommes allés proposer notre spectacle à Bayonne, dans le cadre d'une rencontre avec le département de musique traditionnelle de l'Ecole nationale de musique de Bayonne. Cette année, ce sont les Bayonnais qui vont venir dans le Tarn pour nous présenter leur travail. Nous préparons un échange autour du violon avec l'école de musique de Lozère. La collaboration avec les diverses écoles de musique, institutionnelles ou associatives, se fait surtout par l'intermédiaire de Sonem Mai!.

Peut-être pourrais-tu nous présenter Sonem Mai!, dont l'édition 1996 a lieu prochainement au mois de mai ?

Sonem Mai est une rencontre régionale et même extra-régionale sur le thème de la confrontation des diverses pédagogies en musique et danse traditionnelle. Ces rencontres, créées à l'initiative de l'ENMDT, et soutenues par notre ADDA, la DRAC et le Conseil Régional, qui se dérouleront à Vabre (Tarn), en sont cette année à leur cinquième édition. Mon rôle consiste à y assurer la coordination pédagogique, ce qui n'est pas une mince affaire puisque Sonem Mai! rassemble environ une vingtaine d'animateurs pour 100 à 150 élèves et un public global de 500 à 800 personnes, sans compter la mobilisation du village d'accueil! Ces animateurs et élèves proviennent d'horizons très divers, jouent des instruments totalement différents et se retrouvent le temps d'un après-midi à jouer un répertoire qui a été travaillé auparavant au niveau de chaque animateur. C'est une bonne expérience pour les élèves qui se confrontent à d'autres élèves, d'autres instruments, à des méthodes de travail qu'ils ne connaissent pas forcément. Mais c'est intéressant aussi pour les animateurs qui sont sollicités sur un projet inhabituel qui consiste à travailler sur un ensemble hétéroclite d'instruments, avec tous les problèmes que cela pose. D'autre part, ces rencontres s'intègrent dans une fête publique de deux jours, avec expositions, conférences, concerts, bals, repas, apéritifs musicaux et tous les participants ont donc une pratique publique durant le temps de cette fête. Cette année, on va profiter du travail fait avec Jean-François Vrod pour centrer ces rencontres autour du violon. Sonem Mai! est une manifestation ouverte à toutes les propositions, à toutes les idées pédagogiques qui pourraient germer ça et là. Je crois que cette fête pourrait devenir le laboratoire des membres de la Commission régionale de formation, qui pourraient mettre en oeuvre leurs expériences et leurs idées pédagogiques. Les deux excellentes rencontres de formateurs que la Commission régionale de formation vient d'organiser à Montauban et à Foix, pourraient connaître, lors de Sonem Mai!, un prolongement vivant, "sur le tas"... Tout mon travail actuel consiste à mobiliser les énergies en vue de ces cinquièmes rencontres.

Je voudrais que l'on revienne à ton travail de luthier...

J'ai découvert la musique traditionnelle en 1981, alors que je m'étais plutôt destiné à des études de maths... Quelqu'un m'a fait connaître le Conservatoire occitan et j'ai mis un doigt dans l'engrenage ! J'ai alors rencontré Gérard Martin qui m'a fait faire mes premiers pas en lutherie, puis je me suis mis à mon compte en tant que luthier. Dès le début, j'ai envisagé la lutherie de façon originale. Mon but n'était pas de reconstituer des instruments tels qu'ils avaient pu être fabriqués autrefois. Mais plutôt à partir d'un instrumentarium traditionnel que j'étudiais, de créer des instruments originaux, provocants et pleins d'humour. Les premières vielles que j ai fabriquées étaient en fibre de verre et en polyester. J'ai fait aussi une vielle en bambou, en cougourde, des claquoirs de carnaval... Je crois que je fais des instruments qui me ressemblent en fait. Récemment, j'ai créé des tambours de pluie. Ce sont des grands bambous desquels tombent des gouttes d'eau dont on peut régler le débit. Ces gouttes tombent sur des membranes et provoquent ainsi des polyrythmies aléatoires.

Tu es, en fait, le musicien de ta propre lutherie ?

Eh bien, je me suis aperçu que la lutherie que je faisais était si particulière, peut-être tellement à mon image, que j'étais celui qui était le plus à même de l'utiliser. Ce qui me pousse de plus en plus à m'en servir et à créer des musiques à partir de ces instruments. Bien sûr, j'ai des activités musicales plus "classiques": tout d'abord, j'ai joué avec les Ballets Occitans, puis par la suite avec un certain nombre d'orchestres de bal. J'ai créé un quatuor vocal qui n'existe plus aujourd'hui, tout comme mon expérience avec "Trioc" s'est achevée. Je travaille aussi avec la danseuse contemporaine Catherine Galinier à une création musicale et chorégraphique: "La penche de sèrp". En ce moment nous travaillons une formule de bal dont l'originalité sera d'allier le son de la vielle à roue et du graile (hautbois). Ce groupe, "Tres-Sièis", Comprend Javier de la Torre, qui fait un excellent travail sur le hautbois au sein de l'Ecole de musique, Irmine Muller, qui vient du Limousin avec son violon, et Christian Marc, joueur de graile et chanteur. Je mène aussi un travail d'improvisation musicale dans un quintette qui s'appelle Extra-solaire et qui propose un spectacle de musique improvisée, avec un danseur, des électro-acousticiens, un plasticien... Et puis, il y a mon travail au sein de la "Couble des Hautbois" du Conservatoire Occitan. dans laquelle je tiens le rôle de percussionniste, avec un jeu très particulier de la grosse caisse, qui est une sorte de bourdon rythmique véritablement porteur des musiques de hautbois. Mais parallèlement à tout ça, je travaille à reconstituer et à créer toutes sortes d instruments, en général des idiophones comme des racloirs ou des claquoirs, qui viennent alimenter une création musicale que je vais proposer en Solo avec mes tambours de pluie et qui va précisément s'intituler "Tamborn de Pluèja". Tout ce travail musical peut paraître hétéroclite. Mais, en fait. il a une unité, un fil conducteur entre tradition et modernité. Bien que je me prétende musicien traditionnel, j'ai conscience de participer à une tradition intemporelle et pourquoi pas contemporaine. Il n y a rien de plus archaïque qu'une goutte d'eau qui tombe sur un corps sonore. mais il n'y a rien de plus moderne que ces polyrythmies aléatoires obtenues. La musique s'en ressent. Je veux dire que toute ma démarche, à l'Ecole de musique comme en dehors, est inscrite dans cette problématique. Ma musique émane de mes racines. en même temps qu'elle est résolument contemporaine.

Propos recueillis le 17 février 1996.

Les "Tambours de pluie" créés par Daniel Frouvelle.